mardi 3 novembre 2009

Coat ar Feunteun


 

C’est un petit bois à quelques jets de pierres du hameau, après l’amorce d’une pente qui s’achève au ruisseau au fond du vallon. Il regarde le sud et échappe ainsi à la bise qui balaie parfois le plateau léonard. Il fait bon y faire halte par un après-midi ensoleillé d’hiver. Le talus qui le sépare du champ voisin suit un tracé capricieux, comme si son constructeur avait dû éviter ou voulu préserver quelque chose. L’emprise de ce bosquet est réputée avoir été habitée à une époque ancienne. En y regardant bien on peut discerner quelques maigres vestiges de murs sous les ronces et les feuilles mortes accumulées. En contrebas de ce petit bois se trouve l’extrémité très pentue d’une ancienne prairie de fauche. Elle avait bénéficié d’une irrigation, comme en témoignent les traces d’un bief en haut de la parcelle. A mi-pente une petite zone humide intrigue. Cette prairie avait cessé d’être fauchée depuis longtemps pour être pâturée. Plus tard, les ronces périphériques n’ont plus été maîtrisées et ont submergé une clôture électrique oubliée. Les vaches, puis les poneys, ont ensuite cessé d’y venir tondre des graminées de plus en plus hirsutes. Des touffes de jonquilles ont  alors fait leur apparition et égaillé les lieux pendant quelques années ; mais les ronces ont encore gagné.

 

Le plan cadastral et  l’état des sections du 19è siècle apprennent que notre petit bois s’appelait ar Brouscoat (le Bosquet ) et existait en l’état en 1840. Le champ voisin portait le toponyme révélateur de Parc ar Cozti (Champ de la vieille maison ). A noter que le qualificatif coz est placé avant ti, ce qui indiquerait une certaine ancienneté par rapport au « ti coz » de la dernière période de création de toponymes bretons. Aucune présence de bâtiments n’apparaît sur le plan cadastral ; pourtant il existe dans les environs d’autres vestiges à peine décelables de constructions qui y figurent bien. Est-ce que cela confirme l’ancienneté de l’habitat ?

 

Surprise ! La prairie abandonnée était un autre bois en 1840 et portait le nom évocateur de Coat ar Feunteun (Bois de la Fontaine ). La tache humide peut très bien être alors la dernière trace d’une fontaine tarie par manque d’entretien ou du fait d’une évolution de la nappe phréatique, ou encore volontairement obstruée. Etait-ce le point d’eau des anciens habitants du Brouscoat ? Tout ancien lieu habité possédait autrefois dans ses environs un point d’eau naturel et permanent.

 

D’ailleurs, quelques champs plus en amont dans le vallon, une parcelle portait le nom de Parc ar Feunteun (Champ de la Fontaine ). Mais rien  dans ce champ ne rappelle l’existence d’une fontaine. Cependant une ancienne prairie, très dégradée, borde son extrémité. Et là, à force de patience et d’allées et venues, une petite cavité veut bien enfin se laisser découvrir. Elle a été sommairement aménagée, un filet d’eau s’en écoule pour rejoindre le ruisseau. Il y avait donc des gens qui vivaient à proximité et en avaient fait leur point d’approvisionnement en eau potable. En effet, nouvelle révélation de l’état des sections du cadastre napoléonien, une petite parcelle maintenant rayée de la carte au profit d’un champ spacieux porte le nom de Klaonti. Ce toponyme paraît obscur à première vue mais sa terminaison semble tout de même indiquer la présence ancienne d’une habitation. Vérification faite il marquerait le souvenir d’une maladrerie (klaon signifiant malade ). Serait-ce  l’explication de la présence de ce point d’eau ?

 

Notre Bois de la Fontaine pourrait quant à lui, et selon toute vraisemblance, avoir été défriché dans la seconde  partie du 19è siècle ; l’intérêt des prairies de fauche irriguées fut alors mis en évidence par les agronomes de l’époque pour l’élevage des bovins et des chevaux. Mais on peut envisager que lorsque les anciens occupants du Bosquet faisaient sans répit leur corvée d’eau, ni Brouscoat ni Coat ar Feunteun n’était couverts de ramures.

 

Peut être serez-vous intéressé d’apprendre que le Bois de la Fontaine est actuellement en phase active de reboisement naturel par l’effet de la succession végétale non contrariée. Il resterait à redonner vie à la fontaine oubliée. Les mânes des anciens habitants du Brouscoat en ont trop longtemps été privées…

 


 

mardi 18 août 2009

Point qualité NO3 à la prise d'eau de Baniguel au 31 05 2009


SYNDICAT MIXTE DES EAUX DU BAS LEON : Bassin versant de l’Aber Wrac’h.

Situation 2009 comparée aux années 2001 et 2008.

Suivi hebdomadaire de la Lyonnaise des eaux :


Suivi bi-mensuel de la DDASS (Suivi officiel pour le calcul du nombre de jours de dépassement) :

Evolution des nitrates dans l’eau brute à la prise d’eau de Baniguel :


2008 : baisse des concentrations moyenne (46 au lieu de 51 mg/l en 2007) et maximum (58 au lieu de 59 mg/l en 2007).
31/05/2009 : moyenne à 46 mg/l et maximum à 56 mg/l. Sur la même période en 2008, la moyenne était de 48.6 mg/l et le maximum de 56 mg/l.


Rappel réglementation : avoir moins de 18 jours de dépassement par an des 50 mgNO3/l. 
En 2008, les suivis DDASS et Lyonnaise montrent une baisse importante du nombre de jours de dépassement.

Avec le suivi DDASS (suivi officiel- prélèvement bi-mensuel), 54 % des prélèvements sont conformes alors qu’avec la Lyonnaise (prélèvements journaliers), 47.5 % des prélèvements le sont.
Au 31/05/2009, 40 % des prélèvements DDASS sont conformes contre 32 % pour les prélèvements de la Lyonnaise.

Source/Stivell (3)


  STIVELL (3)

 Il y a longtemps, très longtemps, Stivell la fée se remettait lentement du trouble profond qui s’était emparé d’elle, une peur diffuse, comme un pressentiment.

Sous l’éclat froid de la lune, l’ombre du vieux chêne ondulait à la surface de l’eau frémissante. Le calme de la nuit pénétrait peu à peu les lieux. Rien aux alentours ne semblait avoir gardé l’empreinte de l’agitation particulière qu’ils venaient de vivre.

Pourtant, à la tombée du jour, des créatures étranges étaient soudainement apparues et s’étaient abreuvées à la source. Un regard avisé aurait décelé les traces nombreuses laissées dans la terre noire et molle en bordure de l’eau, des traces de sabots mêlées à celles de pas d’une espèce jusqu’alors jamais vue, les hommes.

Il s’agissait bien de cavaliers venus en éclaireurs, à la recherche d’un nouvel espace à occuper. L’ère du modelage de territoires envahis avait commencé. Pour se nourrir les premiers travailleurs de la terre repéraient les lieux propices à l’agriculture de survie alors pratiquée. Ici il y avait de l’eau à volonté, une grande prairie de terre fertile encore vierge, une forêt riche en bois et en baies, en gibier et en abeilles pourvoyeuses de miel.

Comment résister à une telle aubaine ! Dans les jours qui suivirent, une horde s’installa ; des hommes, des femmes, des enfants, quelques animaux domestiqués attachés à l’arrière de chariots grinçants.

« Plus rien ne sera comme avant ! », soupira Stivell .

La clarté pâle de la lune quant à elle n’avait pas changé ; tout à coup elle devint rassurante pour Source, la fée.

 

 

 


mercredi 18 mars 2009

Fontaine ...


Madame le Maire est rayonnante, mais nerveuse. Debout sur l’estrade, elle tient quelques feuilles de papier qu’elle roule en tube, puis déroule. Elle parcourt du regard l’attroupement à ses pieds, distribue des sourires ou des signes de tête. Elle tapote le micro, le repositionne, lève les yeux vers le ciel … Tout à coup elle se lance.

« Monsieur le Député, Madame la présidente du Pays d’Iroise, Mesdames et Messieurs mes collègues élus des communes voisines, chers concitoyens, mes amis, c’est pour moi une grande joie de vous accueillir dans notre belle vallée du Curru… »
Elle marque une pause, l’émotion se lit sur son visage…
« C’est un jour que j’ai attendu avec impatience, une impatience grandissante de mois en mois. Un jour que beaucoup d’entre vous attendaient depuis plus longtemps encore, tantôt pleins d’espoir, tantôt n’osant plus y croire… »

Madame le Maire n’essaye pas de camoufler ses sentiments, on dirait même qu’elle les savoure. Personne ne pipe mot, ne s’agite, l’instant est solennel. Les trilles d’une alouette très haut dans le ciel parviennent à l’assistance. Sur les talus qui entourent l’agora champêtre, une légère houle anime les frondaisons ; la brise est la bienvenue, car les rayons du soleil sont ardents sur les nuques.

Nous sommes le lundi de la Pentecôte 2023, onze heures, au hameau de Trébaol à Milizac. L’esplanade formée par la jonction à la route départementale 38 des voies communales de Kernoble, de Trébaol Huella et Trébaol Kreis est envahie par les badauds en tenues printanières. Sur les bas-côtés de nombreuses voitures sont stationnées. Mais la présence des vélos est aussi remarquable, et des chevaux libérés de leurs cavaliers s’occupent çà et là en broutant les talus. La circulation sur la D 38 a bien entendu été déviée.

« …Souvenez-vous, il y a un demi-siècle, ce quartier n’avait pas l’adduction d’eau. Ils étaient rares d’ailleurs les hameaux qui étaient alimentés par le réseau. Comme partout à la campagne, on tirait l’eau du puits, ou on allait à la fontaine ; pourtant une pompe à moteur, une citerne ou un bélier apportait parfois un peu de confort… »

Tout comme Marie à ses côtés, comme d’autres anciens autour de lui, François se souvient, très bien même ; comme si tant d’événements n’étaient pas survenus, tant de modernisation ne s’était pas interposée… En a-t-il vu des transformations, du progrès…







-Tu te rappelles ton dernier seau d’eau remonté du puits ?
-Hein ! Quoi ! Tiens donc, transmission de pensées, hein ! Toi aussi tu fais un bond en arrière !
-Y-a rien de bizarre, puisqu’elle en parle !
-Non, je ne sais plus, mais juste avant la mort de ma mère sans doute… Non, non, après sa mort encore, le jour de son enterrement exactement.
-Oui, c’est ça… C’était quand même drôle de passer de l’eau courante de l’appartement, la salle de bains et tout le reste, au puits de ta mère.
-Le puits de ma mère c’était aussi ma salle d’eau avant notre mariage ; enfin un coin toilette en plein air plutôt ; et uniquement à la belle saison, et avec les douches municipales en complément le samedi, pour un nettoyage de fond.
-Toi t’es vraiment de l’ancien temps, quand même…
-C’est vrai qu’on peut dire ça ! Quand je pense qu’on fait tout un cinéma aujourd’hui pour quelque chose qu’est juste normal, hein ?Tiens je me souviens d’une fontaine où l’eau était tellement agréable à boire, qu’à chaque fois que je passais par là, je m’envoyais une bonne lampée avec mes mains serrées comme un petit bol !
-Allez arrête, t’es jamais content, et cesse de vivre en arrière ! D’ailleurs on dirait que t’as oublié tout ce qui s’est passé entre temps, et comment il a fallu qu’on s’agite et qu’on s’énerve pour rectifier les bêtises.
-C’est vrai qu’on a bien mouillé notre chemise, hein ? ha, ha, ha ! C’était pas gagné d’avance, oh non !
-Allez ch-ch-chit, on n’écoute plus là !

« …Et je vous invite tous à m’accompagner pour une courte promenade. Nous allons descendre la D 38 et procéder à une petite cérémonie à 200 mètres d’ici. Encore une fois je vous remercie d’être présents ! »
Applaudissements nourris …
Radieuse, Madame le Maire quitte l’estrade ; la foule s’écarte tranquillement puis lui emboîte le pas.

La tête du cortège est parvenue à la hauteur de l’antique fontaine du hameau de Trébaol . Son eau sort de terre à une vingtaine de pas de la chaussée. Après avoir rempli le bassin d’un vieux lavoir, elle coule jusqu’au fossé de la route, avant de dévaler une ancienne prairie pentue pour rejoindre le ruisseau de Keranflec’h. Il alimente l’Ildut à St Renan et l’onde qui a vu le jour à Trébaol va bientôt se mêler aux flots de l’océan dans la Mer d’Iroise.

Autrefois, à l’époque de la traction animale, ce point d’eau était une halte obligée et attendue après l’effort pour gravir la côte du hameau. Les attelages, et même les charretiers que l’on entendait donner de la voix pour stimuler leurs bêtes, y savouraient un rafraîchissement bienvenu. Il permettait de mieux affronter les ornières du plateau. Si l’on se fie au cadastre napoléonien, ce lieu était jadis connu sous le nom de « Fontaine du Cheval ». Ainsi des toponymes peuvent s’éteindre, comme se tarissent des sources négligées…






Les grondements des moteurs, les doubles débrayages hargneux ont remplacé depuis longtemps les voix des meneurs de bêtes. Et il y a vingt ans cette modeste voie départementale a failli être bouleversée, saccagée. En ont-ils dépensé de l’énergie, Marie, François et tant d’autres, pour bloquer ce projet calamiteux d’usine chimique. Fort heureusement le combat fut couronné de succès, encourageant d’autres engagements et luttes.

La D 38 continue donc à faire la joie des adeptes de « la petite reine », notamment sur son tronçon ombragé du fond de la vallée. L’ensemble paysager et patrimonial depuis le Curru jusqu’à Keranflec’h est préservé et constitue une coulée de verdure très appréciée.

Le site de la fontaine de Trébaol a longtemps été abandonné à l’invasion végétale et aux maltraitances des humains ; mais voilà, il a fait peau neuve. Les plantes et les arbres ont été maîtrisés avant la montée de sève du printemps. Les talus, fossés et terre-plein ont été restaurés, les bassins curés, les maçonneries du lavoir et l’habillage de la fontaine consolidés dans le respect de la manière ancienne. Il n’y pas si longtemps l’espace proche de la fontaine recevait encore un dépôt de pierrailles, alternativement vidé puis regarni après les labours. Il menaçait souvent de combler le petit bassin ; mais il a été enlevé . A demi ombragées par les saules et quelques chênes, des touffes d’hortensias et de fuschias le remplacent ; ils portent la promesse d’une magnifique floraison. Dans le pré voisin des génisses intriguées se sont rapprochées de la haie ; les naseaux humides et dilatés hument une présence étrangère. Soudain, un froissement d’ailes et la trajectoire tendue d’un pigeon barre le ciel au ras des cimes.

Madame le maire est accueillie par le fontainier de la commune. Il lui tend un maillet, puis lui-même se saisit d’une pancarte de bois brut ; elle est fixée sur un piquet et masquée par un tissu. Tous deux s’approchent du talus aménagé. D’un geste énergique , l’homme y enfonce la pointe du piquet et maintient la pancarte. Madame le maire se positionne, et assène un premier coup prudent ; un hochement de tête approbateur du fontainier attentif et le maillet achève son œuvre avec vigueur. Des applaudissements enthousiastes troublent à nouveau l’atmosphère champêtre.
Les joues rosies par l’effort, Madame le Maire répond par un large sourire ; puis d’un geste sec elle arrache le tissu.
Tout le monde peut alors lire les mots oubliés: « EAU POTABLE »

FONTAINE … nous reboirons de ton eau !

Ce texte a obtenu le prix du concours de nouvelles du salon du livre rural de St Ségal en juin 2003. Le thème en était : "Mon village est mon avenir".

samedi 28 février 2009

Coup d'oeil sur un ancien gué




Le chemin rural joignant Koat Keneac’h à Kerzu Nevez franchissait le ruisseau de Kerlizic par un gué avant son élargissement dans le cadre des aménagements fonciers de 1998. La chaussée de ce gué était empierrée et solide. Il fut jugé bon de le supprimer en busant le ruisseau sous le chemin. Cette décision qui avait un coût nous a surpris ; elle ne nous paraissait pas nécessaire pour faciliter le passage épisodique de véhicules agricoles ou celui des piétons (un petit passage suffisait pour eux). Par contre on éradiquait ainsi un élément qui contribuait à la personnalité et au pittoresque de ce chemin. Avec celui de Kernoble/Kelarret (conservé) ils étaient les 2 derniers gués de la commune.
L’état actuel (photos prises le 27 02 09) plaiderait plutôt, a postériori, contre le bien fondé du remplacement du gué par une buse.
Jusqu’à il y a peu, le ruisseau arrivait par une brèche aménagée sous le mur en maçonnerie grossière en amont. Ce mur a été démoli sur la droite jusqu’à cette brèche. Cette démolition semble avoir été effectuée sans précaution puisqu’une grosse pierre est tombée dans l’orifice d’entrée de la buse en l’obstruant (photo). On n’a pas jugé bon de l’enlever. Résultat : l’eau ne pouvant plus emprunter la buse a repris ses habitudes sur la chaussée du chemin (photo). Et c’est le retour au gué, mais un gué instable sur une chaussée fragilisée. Deuxième conséquence : c’est devenu un obstacle insurmontable pour la remontée des poissons. Or dans le cadre des opérations de restauration et d’entretien du bassin versant de l’Ildut (CRE) un certain nombre de points vont être rendus à nouveau franchissables par les poissons ; c’est le cas pour ce gué 2è version. Le gué ancien ne posait pas ce problème, sa suppression et la pose d’une buse ont eu un coût. La prochaine intervention sur l’état actuel aura encore un coût pour la collectivité.
Morale de l’histoire ?

Les crues du ruisseau de la vallée du Curru / Keranflec'h











Zones de rétention et exportation de terre.

Vous est-il arrivé de circuler sur la route départementale 38 au fond de la vallée, juste après des pluies soutenues ?
Alors vous avez certainement observé une succession de zones inondées depuis le pont de Kernoble / Coat Boulouarn jusqu’à la prairie Le Gall, entre le lotissement du Vizac et Kerzu. C’est sur cette prairie que se forme la retenue la plus visible de la route et aussi la plus spectaculaire (photo). La parcelle est alors transformée en un véritable étang semblant menacer Ti Michelik (la maison construite à son angle Nord-Ouest).
Mais il y a d’autres points de retenue ; immédiatement en aval et en amont du moulin du Curru, par exemple (photo). L’étang du moulin de Pen ar C’hreac’h retrouve aussi en ces occasions une allure ancienne avec un niveau d’eau affleurant le haut de la chaussée (photo). La prairie en aval du pont de Kernoble devient également un plan d’eau impressionnant (photo). Et il en est de même à de nombreux endroits sur le cours supérieur du ruisseau jusqu’au moulin de Keranflec’h dont l’ancien étang reprend alors presque forme (photo). Les deux ruisseaux qui l’alimentent, celui de Lanrivoaré / Trézéguer et celui de Milizac / Leuré, ainsi que leurs affluents, ont eux aussi leurs points de rétention, parmi lesquels l’étang de Keranflec’h naturellement.
En fait chaque goulot d’étranglement des ruisseaux provoque une retenue d’eau, plus ou moins volumineuse selon la topographie des lieux, dès lors que le débit momentané du cours d’eau dépasse la capacité de ce goulot à l’évacuer (photo pont de Coat Boulouarn)).
Et que sont ces goulots si nombreux dans la vallée sinon des créations humaines ? Il y a donc les chaussées des anciens moulins, mais aussi les ponts, puis les talus notamment.
Ainsi, depuis les chevelus en tête du bassin versant jusqu’à la prairie près de Ti Michelik, une succession de points de rétention d’eau existent et jouent un rôle très précis en cas de précipitations importantes dans un laps de temps réduit. Les gens qui ont accordé un minimum d’attention au phénomène savent que, de surcroît, ces retenues se forment assez brusquement et quelques heures seulement après le pic des pluies.
Imaginons l’addition de ces différents volumes, petits et grands ; essayons de visualiser cette masse d’eau déferlant sur une courte distance et sans retenue sur le bas de St Renan (n’oublions pas que le ruisseau du Curru est un affluent de l’Ildut, la confluence ayant lieu immédiatement en aval du pont récemment refait sous la R D 68 près de Ti Michelik (photo). Notons aussi que la zone en arrière de la Caisse d’Epargne et du magasin de meubles a déjà été inondée (photo) malgré la fonction hydraulique particulière de la vallée du Curru.
A ce sujet, des personnes avaient compris que l’on reconstruisait le pont de la R D 68 pour permettre une meilleure évacuation des crues et réduire l’inondation de la prairie Le Gall (photos pont ancien et nouveau pont). Elles ont donc été étonnées et déçues de constater que ça n’y faisait rien, le « lac de Ti Michelik »réapparaissant comme d’habitude !
A-t-on jamais envisagé l’éventualité d’une arrivée brutale d’un gros volume d’eau lorsque l’on a décidé d’étendre l’urbanisation sur les rives de l’Ildut entre la confluence du ruisseau du Curru et le lac de la Comiren ?
Mais il n’y a pas que l’eau, il y a aussi les particules terreuses et le sable charriés par le ruisseau du Curru.
Le lundi matin 9 février, un coup d’œil à la confluence indiquée ci-dessus permet de constater que l’eau milizacoise est nettement plus colorée (photos) que celle de l’Ildut. Le bassin versant du Curru serait-il donc un gros exportateur de terre au profit … du lac de la Comiren ? Rappelons qu’un chantier important et coûteux (400 000 €) va bientôt permettre à l’Ildut de contourner le lac de la Comiren afin de stopper son envasement.
Une visite aux différents ruisseaux constituant le bassin versant n’a pas permis de constater si l’un d'eux est plus exportateur que les autres. En fait chacun y contribue et l’addition des matières en suspension provenant de chacun donne cette teinte bien brune à la confluence, et ceci malgré les dépôts dans chaque zone de rétention. L’envasement de l’ancien étang du moulin de Pen ar C’hreac’h témoigne de la charge des eaux en matières en suspension.

dimanche 8 février 2009

Des conducteurs de quads dégradent les chemins de randonnée









Monsieur le Président de la CCPI, mesdames et messieurs les responsables des services concernés par les chemins de randonnée et le CRE Ildut,
Nous venons vous alerter au sujet des dégradations commises par des quadistes (qui se croient au Paris-Dakar) sur des portions sensibles des chemins de randonnée.
Riverains et usagers de ces chemins dans le secteur Kernoble/Curru à Milizac, nous observons une amplification des dégâts :
multitude de cailloux arrachés, sol "rotovatoré", ornières creusées, fondrières de plus en plus larges et profondes ...
Un exemple de l'inconscience (au mieux) de ces gens, ou de leur mépris du travail des équipes d'entretien et des droits des piétons (plus probablement) :
sur l'Allée des Seigneurs entre moulin du Curru et moulin de Pen ar C'hreac'h il y a un étranglement à l'endroit connu par certains comme "Ti Koff Youd". Ce segment de chemin a été tellement "baratté" et creusé par les roues de quads passant vite qu'il leur pose aussi problème. Et alors que font-ils ? Ils commencent à passer chez "koff Youd", débutant ainsi une nouvelle dégradation, cette fois du passage qui permet aux piétons d'esquiver les mares de boues du chemin attenant !
Autre phénomène : dans le secteur du "Parc à lapins", les 2 pentes du chemin larguent du fait de l'agression des roues de quads, puis du ruissellement pluvial, de plus en plus de terre et de sable dans le ruisseau. Comme les quadistes préfèrent le passer à gué plutôt que sur le pont, ils brassent le fond du lit et accélèrent le départ des dépôts de particules vers ... le lac de la COMIREN, par exemple ! Or une dérivation va y être creusée à grands frais pour la communauté pour cause d'envasement du lac ...
Nous restons à votre disposition pour vous guider sur les "lieux du crime" si nécessaire.
Cordialement.



Un petit tour dans une ancienne prairie !







lundi 2 février 2009

Source / Stivell (2).




Source / Stivell (2)

Il y a longtemps, très longtemps, lorsque Source la fée, par ses larmes, redonna vie à la terre, elle se sentit soulagée. Mais sa responsabilité était grande parce que de son existence dépendait celle de La Rivière. Un lien indéfectible unirait leur destinée durant la traversée des siècles à venir.
Songeuse au pied du vieux chêne, elle se souvint que d’autres forces naturelles existaient, forces qu’il lui était impossible de contrôler et qui pouvaient lui réserver bien des surprises. Le vent parfois la chahutait violemment et faisait souffrir le vieux chêne jusqu’à le menacer de mort. La foudre aussi , qui un jour avait embrasé la prairie trop sèche, puis la forêt sa voisine transformée en une torche géante. Pourtant Source et La Rivière étaient
reconnaissantes au vent d’accumuler les nuages, à la foudre de les aider à percer et à se déverser en pluie bienfaitrice, sans laquelle elles ne seraient pas éternelles.
Ainsi la petite fée laissait-elle vagabonder ses pensées…Parfois une certaine confusion l’enveloppait, surtout lorsque l’ombre de la nuit la faisait soudain frissonner. Un peu inquiète alors, elle attendait patiemment le lever du jour, qu’un rayon de lumière l’éclaire à nouveau. C’était le moment propice où des bêtes innombrables sorties de nulle part, s’avançaient prudemment pour goûter à ses eaux fraîches et claires. Un souffle tiède réchauffait peu à peu l’air pur du matin. Une profonde sérénité s’emparait des alentours.
En ces temps-là, Source et La Rivière ne se doutaient pas qu’au cours d’une longue Histoire, des forces maléfiques surgiraient, sous des formes grotesques, pour les accabler de maux terribles.
A suivre…

dimanche 1 février 2009

Nettoyage et restauration de fontaines et lavoirs



Amis des fontaines et lavoirs,

Peut être que dans votre quartier une fontaine, un lavoir (ou les deux) demanderait à être débarrassée des ronces et de la végétation qui l’encombrent, la masquent et gênent son accès. Si elle se trouve sur le domaine communal pas de problème ; sinon le propriétaire doit d’abord être contacté naturellement, et préalablement à toute intervention.
Si la question de la main d’œuvre et de l’autorisation est résolue, il reste un aspect des choses auquel on pense peu en général. Le fait d’envahir puis de rendre accessible au public un lieu qui a été longtemps protégé par la libre évolution de la végétation ne va-t-il pas perturber la quiétude de la flore et de la faune de l’endroit, les mettre en péril même ?
Si vous jugez que ce n’est pas le cas et décidez d’entreprendre les travaux tout de même, une autre question s’impose : à quelle période le chantier est-il le moins susceptible de perturber et de contrarier le cycle naturel des occupants des lieux ?
La nidification des oiseaux, la naissance des têtards, la pousse et l’éclosion de certaines plantes et fleurs peuvent être rudement bousculées, annihilées par la coupe d’un roncier et de branches, par la destruction de la végétation installée dans le bassin, par le piétinement des défricheurs et visiteurs.
Si votre intervention s’annonce trop tardive, pourquoi ne pas attendre un an de plus et programmer un peu plus tôt ? Un an de plus ou de moins au regard des années d’abandon des lieux est de peu d’importance.

mercredi 28 janvier 2009

Les nitrates dans l'eau brute à la prise d'eau de Baniguel à Kernilis

DOCUMENTS SYNDICAT MIXTE DU BAS LEON :


SYNDICAT MIXTE DES EAUX DU BAS LEON : Bassin versant de l’Aber Wrac’h

Situation 2008 comparée aux années 2001 et 2007
Suivi hebdomadaire de la Lyonnaise des eaux .




Suivi bi-mensuel de la DDASS (Suivi officiel pour le calcul du nombre de jours de dépassement)


Evolution des nitrates dans l’eau brute à la prise d’eau de Baniguel

Le suivi DDASS 2008 nous montre une évolution favorable de la concentration
moyenne par rapport à 2007 : 48 mg/l au lieu de 51 mg/l :
Celle-ci est probablement due à une répartition différente de la pluviométrie. Même si l’année 2008 semble moins pluvieuse que 2007 (79 mm en moins), les périodes avril-mai et août-novembre ont été beaucoup plus arrosées en 2008 (respectivement plus 79 mm et plus 153 mm), entraînant parfois de fortes dilutions comme le montre le prélèvement du 3/09/2008 (12 mg/l après les pluies d’orages).
Autre point positif pour 2008, lesconcentrations maxim ales n’ont pas augmenté, il y a même une baisse d’1 mg/l.

Rappel réglementation : avoir moins de 18 jours de dépassement par an des 50 mgNO3/l.
En 2008,les suivis DDASS et Lyonnaise montrent une baisse importante du nombre de jours de dépassement. Avec le suivi DDASS (suivi officiel- prélèvement bi-mensuel), 54 % des prélèvements sont conformes alors qu’avec la Lyonnaise (prélèvements journaliers), 47.5 % des prélèvements le sont.


COMMENTAIRES AQUAVIE/DOUR BEW :


Le Syndicat Mixte des Eaux du Bas-Léon (bassin versant de l’Aber Wrac’h) livre un certain nombre de données autour des concentrations en nitrates à la prise d’eau de Baniguel (dans l’Aber Wrac’h) à Kernilis. Rappelons que environ 25% de l’eau transitant par le château d’eau de Milizac provient de là-bas.
Quatre graphiques rassemblent ces données :
1-Les relevés des taux de nitrates effectués quotidiennement (auto surveillance) par la Lyonnaise des Eaux (société affermée) sur 2001, 2007 et 2008 pour son suivi hebdomadaire.
2-Les relevés bi-mensuels de la DDASS (suivi officiel) pour ces mêmes années.
3-L’évolution des taux de nitrates en valeurs maximale, minimale et moyenne (suivi DDASS) au regard de la pluviométrie de 1985 à 2008.
4-Le calcul du nombre de jours de dépassement des 50 mg de nitrates de 2001 à 2008 d’après les relevés de la DDASS et de la Lyonnaise.

Il faut avoir présent à l’esprit que la DDASS effectue des prélèvements bi-mensuels dont les résultats ont valeur officielle, tandis que ceux de la Lyonnaise sont quotidiens dans le cadre de l’auto surveillance effectuée par la société gestionnaire de l’usine de traitement et de potabilisation de Kernilis.

Quelques observations sont possibles :

1-L’évolution des concentrations en nitrates mise en évidence par l’auto surveillance est forcément plus fine que celle livrée par la DDASS (4 points sur les courbes Lyonnaise pour 1 point sur les courbes DDASS) . Ce qui donne par exemple pour la période du 3è trimestre 2008 :
A-DDASS. septembre, 30 mg / octobre, 50 et quelques mg / novembre, 30 et quelques mg / décembre, à peu près 30 mg. Les 2 derniers segments de courbe sont donc descendants, c’est encourageant !
B-Lyonnaise.semaine 41, environ 25 mg / s.42, 50 mg / s.43, un peu plus de 50 mg / s.44, environ 45 mg / s.45, un peu plus de 30 mg / s.46 47 et 48, remontée régulière jusqu’à presque 50 mg / s.49, baisse à environ 25 mg / s. 50, remontée à un peu moins de 50 mg / s.51, baisse à presque 35 mg / s.52, remontée à presque 50 mg. Sur le mois de décembre 2008 il y a donc 3 remontées jusqu’à presque 50 mg (le dernier segment de courbe pour 2008 est montant !) et l’optimisme ci-dessus est alors sérieusement écorné !

2-On peut s’interroger sur l’intérêt du graphique « Evolution de la qualité de l’eau brute au regard de la pluviométrie - suivi DDASS ».
Il fait apparaître par année l’importance de la pluviométrie cumulée ainsi que les valeurs maxi, mini et moyenne de la concentration en nitrates. Selon ce graphique, il ne semble pas y avoir de corrélation entre le niveau de pluviométrie totale d’une année et les différentes valeurs de la concentration en nitrates. Il faut savoir que des précipitations fortes sur une courte période peuvent provoquer d’importantes dilutions de la concentration en nitrates.
-Exemple : le prélèvement DDASS du 3 septembre 2008, après les pluies d’orages, indique 12 mg/l.
Si on ne dispose pas de ce genre de précisions, le positionnement des valeurs maxi et mini chaque année peut paraître aléatoire et on ne sait pas quoi en penser.
-Exemples : année 2000 très pluvieuse mais valeur mini proche de 50 mg/l. Année 2001 assez pluvieuse et valeur mini à 20 mg/l. Ou bien année 1996 peu pluvieuse et valeur mini à 60 mg/l. Par ailleurs année 2003 peu pluvieuse et valeur maxi à 60 mg/l. Année 2006 pluvieuse mais valeur maxi toujours à 60 mg/l !
Il serait sans doute plus intéressant et instructif d’avoir des précisions sur les circonstances pluviométriques pour chaque valeur mini ou maxi qui fait apparaître un pic ou un creux bien marqués (voir les 12 mg/l du 3 sept 2008).

3-Le tableau du nombre de jours de dépassement des 50 mg/l met en évidence que le suivi DDASS conduit à une estimation nettement plus optimiste que celle issue de l’auto surveillance, à l’exception de 3 années.
-en 2002 et 2003 la DDASS et la Lyonnaise ont des résultats assez proches (mais le mode de prélèvements DDASS minimise encore le nombre de jours de dépassement).
-en 2007, au contraire, la DDASS trouve un nombre de jours un peu supérieur au résultat de l’auto surveillance. Mais cette « anomalie » n’est pas si surprenante en fin de compte. les courbes plus fines de la Lyonnaise (4 points pour 1 point) mettent en évidence un état qui colle plus à la réalité (voir commentaire sur fin 2008). Cette réalité plus décortiquée peut se révéler plus positive qu’elle n’apparaît traduite par la courbe plus schématique de la DDASS.
-exemple : en 2007, durant les 4 premiers mois, les 4 points de la courbe DDASS restent au dessus des 50 mg/l, tandis que la courbe Lyonnaise (plus fine avec ses 16 points) passe 3 fois sous les 40 mg/l.
Quoi qu’il en soit, les 18 jours de dépassement des 50 mg/l de nitrates autorisés réglementairement sont encore plus que largement bafoués par la réalité : plus de 150 jours en 2008 selon les deux contrôleurs ; même si ça semble un progrès par rapport à 2007 où les 250 jours étaient dépassés pour la Lyonnaise et presque atteints pour la DDASS.


Quand des distorsions entre les résultats des contrôles d’une société exploitante et ceux des services de l’Etat peuvent donner lieu à des conclusions sensiblement différentes, et pas forcément dans le sens qu’on pouvait envisager, il y a lieu de s’interroger.
Quels crédits accorder à d’autres résultats officiels quand il n’y a pas en parallèle ceux d’une origine différente pour moduler les conclusions et l’optimisme trop souvent de mise.

Viltansou


Aux dires de certains il existerait chez nous des créatures de la nuit qui affectionneraient les bords des cours d’eau et les endroits humides. Elles prendraient grand plaisir à jouer des tours pendables aux humains incapables de passer leur chemin sans leur prêter attention ; ils sont alors « perdus par les viltansou » : kollet gant ar viltansou. Ces Viltansou seraient une version locale des korrigans et autres lutins.
Yves le Gallo, historien brestois bien connu, proposa à leur sujet l’explication suivante dans « Le clergé et la danse en Basse-Bretagne finistérienne », dans Kreis 5, Etudes sur la Bretagne et les pays celtiques, 1995, p. 177.:

« Lorsqu’ils commentaient leurs peintures allégoriques – les taolennou – les missionnaires prêchaient en breton. Mais ils le faisaient dans une langue truffée de mots français que les auditeurs ne comprenaient pas, comprenaient mal ou détournaient de leur sens. La danse se dit en breton : dans ; les danses : dansou. Lorsque l’orateur sacré lançait l’anathème contre les « viles danses », il disait : (ar) vil dansou. L’oreille de l’auditeur entendait viltansou, que sa cervelle interprétait comme signifiant les lutins nocturnes du mouvement perpétuel. »

Selon nos informateurs, témoins oculaires jurés, ces êtres se manifesteraient de préférence les nuits de clair de lune : al loar vras ha gann a plij d’ar viltansou. Mais il leur arrive d’apparaître aussi par ces journées glauques , quand un brouillard têtu pèse sur la campagne.
Bon, direz-vous, ces soi-disant témoins ont eu la berlue ; ils étaient plus ou moins angoissés par les circonstances particulières et prédisposés aux visions par des souvenirs d’histoires ; et n’avaient-ils pas un peu forcé sur le dernier verre pour la route ? D’autant que ces informateurs sont toujours des piétons isolés qui forcément se sentent un peu vulnérables en pareilles situations.
A noter que les témoignages sont rarissimes depuis que les seuls marcheurs à parcourir la campagne sont maintenant des promeneurs, des randonneurs ; ils ne sont guère confrontés à des heures indues puisqu’ils choisissent les circonstances de leurs sorties .
Et puis quelle chance a-t-on d’apercevoir des Viltansou lorsqu’on s’en tient à la route départementale 38 ou à la communale 3 ? Qui plus est quand on est enfermé avec son portable dans un véhicule automobile rapide équipé d’une sono et d’un éclairage puissant ?

Quoi qu’il en soit, nous vous livrons le dernier témoignage qu’il nous a été donné de recevoir :

Biel avait participé à l’entraide du battage à Kernorman et la dernière journée avait été rude pour achever les travaux. C’était la ferme de sa bonne amie Anna et il en était d’autant plus motivé. Le « koan freilh » (souper de clôture) avait régalé les travailleurs et il s’était, comme de juste, prolongé par une veillée.
Ravi d’être aux côtés d’Anna plus longtemps que de coutume sans trop prêter à commentaires déplacés, Biel avait attendu que les attardés se lèvent pour prendre congé à son tour.
La nuit estivale était bien installée, mais presque blanchie par une lune bientôt pleine.
Cependant, par moment, l’un des nuages qui déambulaient dans le ciel voilait par inadvertance le disque inachevé. Et alors par contraste , la campagne semblait recouverte d’un rideau sombre aussi opaque que soudain.
Biel s’engagea dans le chemin qui le conduirait à ses pénates, sur l’autre versant de la vallée. Mais bien vite, le poids de la journée laborieuse et des ripailles bien arrosées du « peurson » s’abattit sur ses épaules et lui coula du plomb dans les jambes. Il opta pour un raccourci « a dreuz karter » plutôt que de passer par la chaussée du vieux moulin pour franchir le ruisseau ; il gagnerait ainsi pas loin d’une demi-heure. La traversée de quelques champs le conduisit jusqu’à « Foennoc ar Roudouz ».
Il y avait là, couché au travers du ruisseau, un tronc de saule très prisé des chasseurs, pêcheurs et autres habitués des lieux. Un coup de vent dévastateur avait installé cette passerelle vivace et bien commode. Pour l’emprunter on se tenait à ses branches qui poussaient verticalement, celles qui gênaient le glissement des pieds avaient été tranchées à ras par des usagers. Biel y passait souvent, et pour cause !
La prairie était enveloppée dans un voile de brume qui, sans cacher vraiment la végétation ni la topographie, déformait sensiblement leur aspect comme le ferait une vitre grossière. Un léger mouvement d’air était suffisamment actif près du sol pour rompre légèrement mais régulièrement l’immobilité des buissons et des branches basses. L’appel de plusieurs hulottes animait la vallée.
Biel connaissait chaque pouce du terrain et n’était pas incommodé par la visibilité réduite. Cependant, l’ambiance particulière du lieu et du moment commença à aiguiser ses sens. Malgré lui, il se mit à regarder avec plus d’intensité tout en progressant vers le ruisseau ; il perçut bientôt des formes et des mouvements que son cerveau fatigué et embrumé décodait tant bien que mal.
A peine engagé sur le tronc de saule, il se persuada qu’il apercevait une silhouette parmi les broussailles sur l’autre rive ; une forme plutôt humaine quoique de taille réduite, et dotée d’un prolongement qui lui fit penser à un bras faisant le geste d’invitation à rejoindre l’endroit.
Surpris, un peu dérangé, il se dit « Tiens le père Jaouen braconne à cette heure, il veut me montrer quelque chose ? ». Mais aussitôt il pensa que ce vieil homme n’était pas assez imprudent pour fouiner dans un tel lieu quasiment au cœur de la nuit.
La vision demeurait cependant, le geste d’invite aussi insistant …
Alors, brutalement, l’obscurité engloutit le ruisseau.
Tout à sa surprise, son malaise et son interrogation - sans être un froussard, notez-le bien ! -
il en oublia qu’il se trouvait dans une posture délicate ; il rata la prise d’une branche, trébucha et perdit l’équilibre !
L’éclaboussement provoqué par la chute, la fraîcheur de l’eau et l’inconfort général de sa position ramenèrent ses sens et son esprit aux réalités du moment. Quoique peu profond le ruisseau le trempa généreusement ; en effet s’il tomba bien sur ses pieds, ce fut de manière si instable qu’il s’affala aussitôt dans le lit en s’écorchant rudement les paumes aux pierres du fond.
Et la lune éclatante revint en scène comme pour mieux lui faire visualiser sa situation.
Dégoulinant et bientôt transi, il regagna ses pénates au plus court, jurant et pestant, totalement indifférent aux formes et aux mouvements de la végétation à son passage !
- Et c’était qui alors, quand tu as pensé qu’on te faisait signe ?
- Des viltansou, tiens ! Une fois de plus ils m’ont eu !

Bien entendu des mauvaises langues chagrines et dépourvues de poésie s’empresseront de proposer une autre explication à la mésaventure de Biel.

« Maintenant je sais pourquoi on raconte les histoires ; comme ça les gens n’oublient pas qu’ils sont de quelque part, toujours. » Réflexion du garçon aborigène sang-mêlé, héros du film « Australia ».

Le bélier de Trébaol Izella




Les quatre fermes de Trébaol Izella, T. Créis (2) et T. Huella possédaient chacune leur puits et avaient également recours à l’eau de la fontaine au bord de la Route Départementale 38. Le lavoir qu’elle alimente servait aux trois premières fermes, tandis que Trébaol Huella disposait de son propre lavoir au Nord-Ouest, près du bois.
Les puits des familles Perrot (T. Izella) et le Hir (T. Créis) leur fournissaient une eau de qualité satisfaisante malgré l’environnement immédiat (crèches, purin, fumier). Ce n’était pas le cas pour le puits des Gueneugues, proches voisins des le Hir. Ce puits, pourtant en retrait dans le jardin et bénéficiant apparemment de la même eau , était régulièrement infiltré par du purin. Pour pallier ce problème la famille Gueneugues construisit une citerne de 8m3, alimentée par le toit de la maison. A noter que lorsque Gilles Gueneugues creusa une fosse à purin d’environ 2 m 50 de profondeur il tomba sur une source qui lui compliqua beaucoup la tâche, même si l’eau nécessaire au béton lui était ainsi fournie à demeure.
Au début des années 50, les trois familles du hameau décidèrent de s’associer pour installer une adduction d’eau individuelle fonctionnant à l’aide d’un bélier hydraulique.




Ce système nécessite un prise d’eau naturellement, mais aussi un dénivelé assez important ; car c’est l’énergie de l’eau dévalant dans une canalisation pentue (conduite forcée) qui lui permet, moyennant l’intervention d’un mécanisme simple mais ingénieux et efficace (le bélier), de se propulser dans un tuyau alimentant un mini château d’eau. Ce dernier élément peut être situé bien plus haut que la prise d’eau, et assez loin, si le bélier est placé suffisamment bas.

Après études et mesures sur le terrain avec l’aide d’une personne qualifiée,
les trois familles réalisèrent les travaux d’installation elles-mêmes. Chevaux et charrues furent mis à contribution pour creuser les sillons d’enfouissement des tuyaux ; pelles et pioches maniées par des terrassiers improvisés fignolèrent et finirent le travail. Il n’y avait à l’époque ni tracteurs, ni pelleteuses disponibles pour un tel chantier. Comme pour bien d’autres tâches, les bras aussi nombreux que possible étaient l’unique ressource.
La présence d’un bélier était repérable au bruit sonore et répété qu’il produisait : tchoc ! tchoc ! tchoc ! Comme celui des coups de tête de l’animal du même nom !
La conduite forcée du bélier de Trébaol Créis était alimentée par la source au bord de la route
départementale.


Elle rejoignait le mécanisme placé dans la prairie pentue de l’autre côté de la route (le cylindre de béton l’ayant contenu y est toujours visible).
Un tuyau remontait l’eau jusque dans la cuve surélevée construite près de l’angle Sud-Est de la maison de la famille le Hir. Cet endroit avait été choisi car c’était le point le plus élevé du hameau. Une canalisation partait de ce petit château pour alimenter les trois fermes. Comme l’arrivée d’eau était continue dans la citerne, le trop plein s’écoulait à terre. Il était récupéré dans l’abreuvoir en bordure de chemin qui à son tour débordait. Un petit ruisseau coulait dans le fossé vers T. Izella. Après avoir desservi la maison le Hir, le tuyau passait au pignon nord de la maison Gueneugues, le long du mur de la cuisine, facilitant ainsi la mise en place d’un robinet sur l’évier contre ce mur. Ensuite cette canalisation poursuivait sa course vers T. Izella, enterrée sous le champ de Gilles.
Le système du bélier hydraulique demandait peu d’entretien et ne consommait aucune énergie. Il fallait tout simplement, de temps en temps, lorsqu’un débit plus faible d’arrivée d’eau au château était observable, purger la chambre de compression de l’eau indésirable afin qu’elle retrouve sa pleine puissance. La chambre de compression est la partie supérieure en forme de poire (photo). Lorsque l’été était bien sec et le débit de la fontaine de Trébaol plus faible, la force de l’eau dans la conduite forcée ou motrice était insuffisante pour faire fonctionner le système. Il y avait donc des périodes « chômées » durant lesquelles on retrouvait les vieilles habitudes …


Evidemment la mise en place de l’adduction communale dans les années 60 a sonné la fin du système et le petit château d’eau a été démoli ; il n’en reste que des photos. Le mécanisme a été également enlevé de son coffrage. La fontaine continue de couler, et son eau de passer sous le petit pont de Trébaol Izella …
Le lecteur qui aimerait avoir des précisions sur le fonctionnement d’un bélier et l’histoire de cette invention les trouvera facilement en recherche sur l’Internet.
Nous remercions Gilles Gueneugues, Michel le Hir et Yvon Riou pour leurs informations et photos du château d'eau.