vendredi 24 avril 2015

Au manoir de Keranflec'h avant l'adduction d'eau.

L'eau au manoir de Keranflec'h avant l'adduction.

L'eau nécessaire aux besoins du manoir, propriété de Hubert de Poulpiquet*, provenait du puits qui existe toujours dans la cour devant l'extrémité ouest de l'édifice. Profond de 7/8 m, on y puisa l'eau à l'aide d'une manivelle et d'un cylindre enrouleur. Ensuite il fut équipé d'une pompe manuelle. 200 coups permettaient le remplissage d'un réservoir en zinc situé au grenier et déservant les robinets du manoir. Dans la cuisine une seconde pompe manuelle ( Japy ) branchée sur le même puits fournissait l'eau à l'évier. Aucune pompe électrique n'a remplacé cet équipement.


L'exploitation agricole attenante, la métairie, possédait un autre puits à cylindre enrouleur, toujours opérationnel, situé juste devant la maison d'habitation. L'usure de la manivelle témoigne de l'usage intensif sur une longue période. Il était suffisamment productif pour tous les besoins de la ferme et n'a jamais fait défaut. Hubert de Poulpiquet y est descendu pour le curer. Le niveau de l'eau se distingue très bien a une profondeur du même ordre que dans le puits du manoir.


Une fontaine, dite de St Pierre ou de jouvence, coule à 500 mètres du manoir, dans la partie basse du bois à gauche du chemin du moulin, en contrebas de Veleury Nevez. Deux parcelles voisines étaient connues sous l'appellation "Prat ar feunteun izella" et "Coat ar feunteun izella". Elle serait la seule fontaine de la commune à porter une pierre ornementée. La pierre de chevet en granit porte un blason gravé surmonté d'une croix. Les chiffres 17, associés à la lettre F, sont gravés à gauche et 31 à droite. Ce serait l'année 1731 date à laquelle cette fontaine aurait été construite ou rénovée. Selon H de P son eau était déjà chargée en nitrate juste après guerre. On a continué pourtant à y puiser de l'eau à boire.

L'ancien lavoir du manoir se trouve juste avant l'étang, à gauche de la grande allée bordée d'arbres menant sur la chaussée. Il est alimenté par une source mal captée, d'où les emplacements bourbeux à côté du bassin. H de P a attiré mon attention sur une large pierre ronde posée à droite de la porte de la cuisine à l'extérieur. Je suis perplexe quant à son usage ; ce serait une pierre de lessive. La manière dont elle était utilisée est hypothétique, la fonction de ses rainures en particulier.

L'étang, à 300 mètres au sud, servait d'abreuvoir au bétail. Il pourrait avoir presque six siècles d'existence et servi de source d'énergie pour faire tourner un moulin à l'une des extrémités de la chaussée. Mais H de P ne possède aucun document l'attestant. Nul doute que la mise en place de cet "ouvrage d'art" a constitué un chantier d'une ampleur certaine.

Les truites n'ont jamais cessé de peupler naturellement les rus en amont de l'étang. Le déversoir à l'extrémité sud de la chaussée ne serait donc pas un obstacle à la continuité biologique. Le plan d'eau ne cesse de se réduire ; son comblement naturel causé notamment par la végétation "sauvage" des rives est lent mais inexorable, car non contrarié ni corrigé.

La rabine du moulin mène à une autre chaussée à environ 1 km à l'ouest. Une bâtisse rénovée et habitée, qui fut le Moulin de Keranflec'h, y est accolée. H de P ne l'a jamais vu en usage. La vaste retenue, impressionnante lors d'une crue, était alimentée par le ruisseau de Keranflec'h, mais aussi par celui de Kerbrélivet. Son eau faisait tourner une grande roue verticale à son pignon est. Deux cents mètres en aval on distingue les vestiges d'un autre moulin dit Petit Moulin de Keranfl
ec'h. Une autre chaussée y barrait le val. L'étang ainsi constitué avait une particularité : il récupérait l'eau d'un ru coulant naturellement en aval. Un canal judicieusement tracé faisait couler cette eau à contre pente sur une courte distance pour l'introduire dans la retenue par un pertuis sous l'extrémité est de la chaussée !

A noter que le manoir est équipé d'une pompe à chaleur eau/eau depuis le milieu des années 80. Un forage d'une quarantaine de mètres a été creusé à cet effet, il fournit une eau à 12°.

* Hubert de Poulpiquet fut maire de Milizac pendant 18 ans, élu en 1983, puis réélu en 1989 et 1995.
Nous le remercions pour son témoignage.