lundi 10 février 2014

Une source très active.

les hivers pluvieux réactivent les sources saisonnières. C'est le cas pour celle qui se niche au bord du chemin de Kernoble vers le gué/passerelle de Kélaret. Depuis plusieurs années elle n'avait pas été aussi productive. C'est le cas aussi pour les sources qui sont situées dans l' ancienne petite prairie (maintenant envahie par les broussailles) le long du même chemin, à gauche, vers le carrefour de la croix courte.

Une fonction insolite des galeries de taupes.

Les taupes contribuent à l'évacuation en douceur du surplus d'eau.

Le champ pentu en contre-haut de ce talus est enherbé. L'eau de pluie ne ruisselle pas brutalement mais s'infiltre, notamment dans les galeries de taupes. Et elle ressort "en douceur" au pied du talus sous forme de mini- résurgences.

Par contraste, lors d'un autre hiver très pluvieux, ce champ n'avait pas été enherbé. L'eau des averses très fournies dévalait la pente de cette parcelle (pentue) et franchissait le talus * pour se déverser brutalement dans le chemin. Elle entraînait de la terre du champ dans le ruisseau 100 m en contrebas.

*Ce talus, très ancien, a vu la terre de la parcelle venir s'accumuler contre lui au fil du temps (des siècles ?). Il séparait un ensemble de parcelles cultivées de la garenne voisine (Gwaremm Gernobl) non parcellisée avant une époque relativement récente.

samedi 8 février 2014

Crue à Kernoble.

Les petits ruisseaux font les grandes rivières !
Cet adage ne cesse d'être confirmé depuis plus d'un mois, mais pas seulement dans le sens où on l'entend communément. Les petits ruisseaux se transforment aussi en rivières. Allez donc savoir pourquoi !


C'est ainsi que le ruisseau du Pont de Jean offrait le jeudi 6 février à midi le spectacle que vous pouvez découvrir sur les photos. L'aspect habituel des lieux permet d'évaluer l'ampleur de la crue.


 
 
 

Petit patrimoine lié à l'eau.

Le pont de Jean.

C'était à une époque où, à la campagne, on n'était pas trop contraints par des règlements. Le plus souvent, chaque propriétaire faisait un usage raisonnable de cette liberté.

Jean exploitait une petite ferme dont les terres se situaient de part et d'autre d'un ruisseau. On l'avait toujours franchi à gué et ce n'était d'ailleurs pas le seul de la vallée. C'était aussi un abreuvoir naturel pour les vaches de la ferme. Pourtant ce franchissement imposait aux chevaux des efforts particuliers lorsqu'il s'agissait de lourds charrois. Soucieux de ménager ses bêtes dont les forces étaient si nécessaires à la bonne marche de sa ferme, Jean décida, après mûre réflexion, d'y construire un pont. Oh, pas un ouvrage d'art comme on dit ; juste un petit pont suffisamment solide et large pour permettre le passage fréquent d'une charrette.

Comme ses vaches devaient, en période de basses eaux, "sucer les pierres" plutôt que de s'abreuver correctement Jean eut une autre idée. Il pensa à construire l'entrée du coursier du pont de telle manière qu'il pût y placer une vanne. Il obtiendrait ainsi une petite retenue en amont du pont.
Il confia cette idée à Célestine qui en profita pour lui suggérer une autre construction accolée au pont en aval : un lavoir ! Elle en avait assez de sortir des seaux et des seaux du puits pour faire sa lessive. Sûr, le petit bassin juste près de la maison était bien pratique, mais quelle corvée pour le rinçage par exemple. Bon il y aurait du déplacement et du portage, mais quel plaisir de laver et surtout de rincer dans cette eau qui se renouvellerait sans effort.


"Allons-y, dit Jean, quelques pierres de plus, du ciment et tu as ton lavoir. Je te donnerai un coup de main pour le transport, surtout pour remonter à la ferme".

Une carrière proche fut mise à contribution. Bien sûr les voisins offrirent leurs bras, leurs tombereaux et attelages. C'était la coutume, à charge de revanche.

On stabilisa l'espace nécessaire du lit à l'aide de larges dalles. Deux murs épais de bonnes pierres y furent construits parallèlement. D'autres dalles les recouvrirent pour former un tablier robuste.
L'ouvrage réalisé il restait à remblayer copieusement de part et d'autre afin d'éviter le "dos d'âne". Tandis que les tombereaux de terre et de pierraille se succédaient sur chaque rive, quelques maçons improvisés construisaient le lavoir de Célestine. Lui aussi serait équipé d'une petite vanne permettant de remplir le bassin à la demande. L'un des côtés fut réalisé très large, lisse et légèrement incliné afin d'y battre le linge.


Puis vint le jour où Jean très satisfait, quoique avec une petite pointe d'appréhension, put le franchir en usager. Il menait un attelage de deux chevaux tirant un dernier tombereau chargé à ras bord. L'ouvrage supporta la charge une fois, deux fois, trois fois ; pas une pierre ne bougea.

On fêta la réalisation par un grand goûter à la ferme. Cochonaille et far-four régalèrent tous ceux qui y avaient contribué. Le tire-bouchon et la cafetière ne chômèrent pas.

L'ouvrage est toujours là. Tout au plus a-t-il fallu restaurer et consolider le lavoir il y a quelques années. Des voisins qui apprécient le site et son vieil occupant s'y attelèrent.

Après les véhicules hippomobiles du labeur quotidien, puis les tracteurs, ce sont de nombreux adeptes d'activités récréatives qui le franchissent maintenant.
Ah, n'oublions pas les jeeps et autres véhicules guerriers des libérateurs américains. Le bosquet voisin hébergea quelques temps de l'artillerie US en juillet 1944. Anne, l'une des filles de Célestine et de Jean, alors âgée de cinq ans, accompagna un jour sa mère au lavoir dans ces circonstances. Quelle ne fut pas leur surprise de voir tout à coup près d'elles deux grands soldats ... noirs ! Ils essayèrent de converser avec elles, sans résultats. Sa mère comprit tout de même que les deux militaires se proposaient de porter à la ferme la lourde civière chargée du linge propre mais trempé. Elle accepta et ils remontèrent ensemble la pente jusqu'à la maison. Anne en garde un souvenir très fort. Elle voyait des hommes noirs pour la première fois, au pont de son père, au lavoir de sa mère !