mercredi 28 janvier 2009

Le bélier de Trébaol Izella




Les quatre fermes de Trébaol Izella, T. Créis (2) et T. Huella possédaient chacune leur puits et avaient également recours à l’eau de la fontaine au bord de la Route Départementale 38. Le lavoir qu’elle alimente servait aux trois premières fermes, tandis que Trébaol Huella disposait de son propre lavoir au Nord-Ouest, près du bois.
Les puits des familles Perrot (T. Izella) et le Hir (T. Créis) leur fournissaient une eau de qualité satisfaisante malgré l’environnement immédiat (crèches, purin, fumier). Ce n’était pas le cas pour le puits des Gueneugues, proches voisins des le Hir. Ce puits, pourtant en retrait dans le jardin et bénéficiant apparemment de la même eau , était régulièrement infiltré par du purin. Pour pallier ce problème la famille Gueneugues construisit une citerne de 8m3, alimentée par le toit de la maison. A noter que lorsque Gilles Gueneugues creusa une fosse à purin d’environ 2 m 50 de profondeur il tomba sur une source qui lui compliqua beaucoup la tâche, même si l’eau nécessaire au béton lui était ainsi fournie à demeure.
Au début des années 50, les trois familles du hameau décidèrent de s’associer pour installer une adduction d’eau individuelle fonctionnant à l’aide d’un bélier hydraulique.




Ce système nécessite un prise d’eau naturellement, mais aussi un dénivelé assez important ; car c’est l’énergie de l’eau dévalant dans une canalisation pentue (conduite forcée) qui lui permet, moyennant l’intervention d’un mécanisme simple mais ingénieux et efficace (le bélier), de se propulser dans un tuyau alimentant un mini château d’eau. Ce dernier élément peut être situé bien plus haut que la prise d’eau, et assez loin, si le bélier est placé suffisamment bas.

Après études et mesures sur le terrain avec l’aide d’une personne qualifiée,
les trois familles réalisèrent les travaux d’installation elles-mêmes. Chevaux et charrues furent mis à contribution pour creuser les sillons d’enfouissement des tuyaux ; pelles et pioches maniées par des terrassiers improvisés fignolèrent et finirent le travail. Il n’y avait à l’époque ni tracteurs, ni pelleteuses disponibles pour un tel chantier. Comme pour bien d’autres tâches, les bras aussi nombreux que possible étaient l’unique ressource.
La présence d’un bélier était repérable au bruit sonore et répété qu’il produisait : tchoc ! tchoc ! tchoc ! Comme celui des coups de tête de l’animal du même nom !
La conduite forcée du bélier de Trébaol Créis était alimentée par la source au bord de la route
départementale.


Elle rejoignait le mécanisme placé dans la prairie pentue de l’autre côté de la route (le cylindre de béton l’ayant contenu y est toujours visible).
Un tuyau remontait l’eau jusque dans la cuve surélevée construite près de l’angle Sud-Est de la maison de la famille le Hir. Cet endroit avait été choisi car c’était le point le plus élevé du hameau. Une canalisation partait de ce petit château pour alimenter les trois fermes. Comme l’arrivée d’eau était continue dans la citerne, le trop plein s’écoulait à terre. Il était récupéré dans l’abreuvoir en bordure de chemin qui à son tour débordait. Un petit ruisseau coulait dans le fossé vers T. Izella. Après avoir desservi la maison le Hir, le tuyau passait au pignon nord de la maison Gueneugues, le long du mur de la cuisine, facilitant ainsi la mise en place d’un robinet sur l’évier contre ce mur. Ensuite cette canalisation poursuivait sa course vers T. Izella, enterrée sous le champ de Gilles.
Le système du bélier hydraulique demandait peu d’entretien et ne consommait aucune énergie. Il fallait tout simplement, de temps en temps, lorsqu’un débit plus faible d’arrivée d’eau au château était observable, purger la chambre de compression de l’eau indésirable afin qu’elle retrouve sa pleine puissance. La chambre de compression est la partie supérieure en forme de poire (photo). Lorsque l’été était bien sec et le débit de la fontaine de Trébaol plus faible, la force de l’eau dans la conduite forcée ou motrice était insuffisante pour faire fonctionner le système. Il y avait donc des périodes « chômées » durant lesquelles on retrouvait les vieilles habitudes …


Evidemment la mise en place de l’adduction communale dans les années 60 a sonné la fin du système et le petit château d’eau a été démoli ; il n’en reste que des photos. Le mécanisme a été également enlevé de son coffrage. La fontaine continue de couler, et son eau de passer sous le petit pont de Trébaol Izella …
Le lecteur qui aimerait avoir des précisions sur le fonctionnement d’un bélier et l’histoire de cette invention les trouvera facilement en recherche sur l’Internet.
Nous remercions Gilles Gueneugues, Michel le Hir et Yvon Riou pour leurs informations et photos du château d'eau.